Un Amerloque à Calais (French Edition) by Nicolas Marliot

Un Amerloque à Calais (French Edition) by Nicolas Marliot

Auteur:Nicolas Marliot [Marliot, Nicolas]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2022-08-19T23:00:00+00:00


Chapitre 12

Calais, Commissariat de police,

mardi 18 septembre 1973

Jean Bouret était physiquement très différent de Pierre de Saint-André : c’était un petit homme aux cheveux hirsutes, de couleur blanche, vêtu d’un costume brun, mais porté avec moins de classe que le témoin précédent. Il n’avait pas l’assurance de Saint-André, mais ne semblait pas non plus particulièrement timide. Il avait plutôt l’aspect rigolard, avec un petit air de professeur foldingue, provoqué par sa coiffure et son regard pétillant. L’homme n’avait en tout cas pas l’apparence stéréotypée d’un comptable au teint gris, noyé dans ses chiffres. Bouret était plutôt rougeaud de figure, et semblait aimer la bonne chère, à en croire son début d’embonpoint. Avant même qu’il n’ait prononcé le moindre mot, Camerlynck le trouva un peu plus sympathique que son prédécesseur.

L’adjoint au maire d’Ardres parlait très vite, avec un accent un peu rural du Pas-de-Calais qui dérida le policier. L’homme semblait tout énervé d’être convoqué au Commissariat. Excité serait même plus approprié, car il n’y avait aucune colère en lui. Sans doute était-ce une première pour lui de témoigner dans une affaire criminelle, et il en éprouvait une certaine fierté, apparemment. Jo n’oubliait pas que son interlocuteur était la dernière personne — avant Éliane Brémont — à avoir vu Defourchel en vie, et il espérait que son témoignage pourrait apporter quelque éclairage utile à l’enquête.

« Bon, monsieur Bouret, on peut commencer ? lui demanda, avec naturel, le policier.

— Tout à fait, avec plaisir, inspecteur, je suis à votre disposition, répondit le comptable en se tortillant sur son siège.

— Pour commencer, pouvez-vous m’expliquer quelle était la nature de vos relations avec la victime ? Et quel était le but de ce rendez-vous de mardi dernier ?

— Gustave, cela fait des années que je le connais… dit Bouret, en cherchant un peu à évaluer la durée. Depuis la fin des années cinquante, quand il est venu acheter le manoir de Bois-en-Ardres, c’est ça.

— Ah oui, ça ne date pas d’hier, constata Jo.

— Je ne vous le fais pas dire. Nous nous sommes rencontrés à l’époque grâce à un ami commun, maître Caron, notaire à Ardres qui lui avait vendu la propriété. Et nous avons vite sympathisé. Il se lançait juste dans la politique à l’époque, moi pas encore. Ce n’est que bien plus tard que je suis entré au Conseil Municipal, à un niveau bien plus modeste que Gustave…

— Vous n’aviez pas la même ambition ? interrogea Camerlynck, en croisant les mains.

— Ce n’est pas tant une question d’ambition qu’une question de disponibilité — car j’ai mon cabinet d’expertise comptable à faire tourner, et des clients — et, je l’avoue sans honte, une question de capacités aussi. Gustave était d’une envergure supérieure à la mienne.

— Est-ce que vous ne vous dévalorisez pas un peu trop, monsieur Bouret ? Passer le diplôme d’expertise comptable n’est pas à la portée du premier venu, il me semble.

— Oh, ce n’est pas ça que je voulais dire, répondit l’homme avec modestie. Je sous-entendais : capacité à faire de la politique.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.